La douceur des étés

… Quand elles débarquent comme deux petits tourbillons, que le temps file trop vite entre les apéros sirop de fraise dans le port, la confection de gâteaux au yaourt pour le goûter alors qu’il fait bien trop chaud pour allumer le four, les jeux à l’intérieur pendant les après-midi écrasés de chaleur,  les histoires relues cent fois, les châteaux de sable qui s’écroulent trop vite, les câlins parfois un peu violents dont on ne se plaint jamais, ou alors juste pour rire, les questions étonnantes qui font réfléchir, les quelques idées qu’on essaye de leur glisser juste en passant, quand on voudrait passer des heures à les regarder grandir mais qu’elles ne nous en laissent jamais le temps et que c’est parfait comme ça.

Doudou lunettes

Jus de pastèque

Gâteau yaourt

La machine à remonter le temps

L’enfance, sous d’autres cieux. Un sourire, un regard fixe, une rencontre qui dure parfois juste un instant. Se demander comment ils vivent, quel est leur avenir, à quelle vitesse et avec quelle douceur ils deviendront adultes.

Saint Augustin Madagascar

Saint Augustin, Madagascar

Antsirabe Madagascar

Antsirabe, Madagascar

Zriba Tunisie
Omar, chez lui, à Zriba, en Tunisie

Bain République Dominicaine
L’heure du bain, République Dominicaine

L'Aid à Wa, Ghana
Wa, Nord du Ghana, le jour de la fête de l’Aid

Jeune mère peule Burkina Faso

Enfants peul Nord Burkina Faso
Jeune mère et enfants peuls, Nord du Burkina Faso
Marché Tamale Ghana
La petite vendeuse de sel, marché de Tamale, Ghana
Tongo Hills Ghana

Le grand-père et la petite fille sur le sanctuaire, Tongo Hills, Ghana

J’ai lu quelque part qu’on n’a pas besoin de machine à remonter le temps si on sait se souvenir. Quelles images gardez-vous de votre enfance?

(Cet article a initialement été publié en Anglais sur mon ancien blog.)

L’école buissonnière

C’est le soleil qui m’a réveillée hier. Après quelques jours de grisaille, j’ai senti l’effet plante verte et le besoin urgent d’être à l’extérieur; j’ai planté là l’ordinateur, le travail et autres joyeusetés administratives et suis allée me balader au bord de la mer. L’odeur entêtante de l’iode, la brûlure du soleil sur mon visage, la couleur et la pureté incroyables de la mer, du sable plein les chaussures et un petit vent frais pour que la température soit parfaite. Quelques couples de retraités, un ou deux solitaires promenant leur chien, des sourires ou quelques mots échangés en se disant avec les yeux qu’on est bien conscients d’être des privilégiés absolus, sauter une grille qui barrait le sentier que j’avais envie de prendre, et puis, je te jure que c’est vrai, au milieu d’un des campings déserts, un poste allumé solitaire qui diffusait les premières notes d’une vieille chanson qui tombait tellement juste : « Seul sur le saaaable, les yeux dans l’eau… »  Au retour, prise en flag, un type est là contre la grille en train de faire des photos. Mais il me tend une main pour m’aider à la passer et on disserte un moment sur la philosophie des sentiers interdits et de l’utilité de briser les chaînes, avant de chacun continuer notre route. J’ai dégusté chaque pas, chaque odeur et chaque vue, avec un délicieux goût d’école buissonnière.

Et puis je suis allée manger en terrasse avec mon père dans le port, je crois bien que j’ai même pris un tout petit coup de soleil, et après je suis passée chez lui récupérer de vieilles photos dans la belle malle en bois de l’entrée de sa maison. Cette fois-ci elles ne m’ont pas rendue triste, ou fait penser comme à d’autres occasions qu’on était heureusement si loin de s’attendre aux claques magistrales qui nous attendaient, aux absences qu’on apprend doucement à apprivoiser, au temps assassin qui emporte avec lui les rires des enfants et nos styles improbables, et on a juste rigolé en retrouvant des noms et des lieux oubliés, admiré des visages, débattu sur des souvenirs enfouis un peu trop loin au fond de nos mémoires.

Alors voilà, à six ans je voulais déjà discuter avec les animaux et ouvrir la cage aux oiseaux (et puis oui, moment confession intime, j’ai moi aussi été élevée au Nutella et au lait UHT, on s’en remet) et je courais les montagnes avec ma magnifique Oma.

Finalement les choses importantes ne changent pas vraiment.

Petit déjeuner perruche

Heidi montagne

 

Les livres d’enfant

-C’est un cheval?

-Non. C’est le caillou au pied du cheval. Moi, je préfère dessiner ce que personne ne regarde. Comme ça, on regarde le monde d’un autre œil et ça le rend plus beau.

(Dessine-moi un petit prince, M. Van Zeveren).

Dessin ce que personne ne regarde

(tu les avais déjà vues, toi, les fleurs qui poussent sur l’arc-en-ciel?) 

Les petites roues du vélo

Ne le lui dîtes pas, mais je bénis ces moments de grâce où elle a fait un cauchemar et me tend les bras, toute triste, et cache son nez dans mon cou, ses boucles blondes redessinées par la sueur de sa sieste. J’ai rêvé que la maison s’envolait… Ou lorsqu’elle se cogne un orteil dans la table en mimant le kangourou, sa spécialité du moment, et qu’elle me tend son pied encore dodu comme celui d’un bébé pour un bisou qui guérit. Ces moments de fragilité de plus en plus rares, parce que ze suis une grande, et les derniers besoins d’être rassurée avant qu’on enlève pour de bon les petites roues du vélo.

Jeu d'enfance

L’enfant particulière

Elle a fait mentir tous les pronostics. Aujourd’hui elle court, trépigne, rit à ses propres blagues et à ses doigts fripés après son bain, vit des joies et des peines aussi immenses que celles des enfants qui ne sont spéciaux que pour leur famille. Je sais que depuis là où elle est, l’Absente la regarde grandir avec une fierté infinie.E balançoire